Chikungunya et moustique tigre, ce qu’il faut savoir…

Chikungunya et moustique tigre, ce qu’il faut savoir…

Nous n’aborderons que le contexte en France métropolitaine.

En une semaine, 2 cas de chikungunya autochtone (chez des personnes n’ayant pas voyagé récemment en zone tropicale) ont été décrits en France métropolitaine : un dans le Var et un dans l’Hérault (ARS Occitanie 16/06/2025).

  • La maladie
  • Le chikungunya est une maladie virale (arbovirus de la famille des Togaviridae genre alphavirus) transmise par le moustique du genre Aedes albopictus (moustique tigre) et aegypti, pouvant aussi transmettre la dengue et le virus Zika.

    La maladie peut passer inaperçue (10 à 40% des cas) ou se manifester en moyenne 4 à 7 jours après la piqûre avec :

    • La survenue soudaine de fièvre élevée (> 38.5°C)
    • Des maux de tête
    • Des douleurs musculaires et articulaires importantes au niveau des extrémités des membres (poignets, chevilles, phalanges)
    • Une éruption cutanée maculopapuleuse

    La plupart du temps, l’évolution est favorable sans séquelle en 10 jours environ mais une phase chronique peut exister chez 30 à 40% des patients avec des douleurs articulaires persistantes durant plusieurs mois ou années.

    La fréquence de la maladie, sa sévérité, le taux de mortalité augmentent avec l’âge : plus de la moitié des cas graves concernaient des patients âgés de 65 ans et plus.

    Les cas graves ou mortels sont rares, et en principe chez des personnes présentant d’autres pathologies (hypertension artérielle, diabète, maladies cardiovasculaires, maladies respiratoires, maladies neurovasculaires…).

    Aucun traitement spécifique n’existe, autre qu’un traitement symptomatique.

  • La transmission et la localisation
  • 3 modes de transmission observés :

  • La transmission vectorielle : la plus importante via le moustique tigre (isolé la 1ère fois en 1952 en Tanzanie).  Le chikungunya sévit essentiellement en zone tropicale et inter tropicale mais le moustique tigre est maintenant aussi présent en zone tempérée, Europe et France métropolitaine. 
  • La transmission par les produits d’origine humaine (rare) : par transfusion ou greffe d’organes ou de cellules.
  • Transmission mère-enfant très rare : possible lors de l’accouchement, mais pas lors de l’allaitement.
  • La transmission à l’homme se fait lorsque le moustique pique une personne infectée et prélève le virus, qui se multiplie dans le moustique pendant environ 10 jours (phase extrinsèque) puis repique une personne saine qu’il contamine.

    Pour le chikungunya, la phase virémique commence 1 à 2 jours environ avant le début des signes cliniques et dure jusqu’à 7 jours après. 

    Localisation du moustique en France

    • Aedes aegypti présent aux Antilles, en Guyane, à Mayotte
    • Aedes albopictus présent à la Réunion et dans plusieurs départements métropolitains. Début 2025, 81 départements sur 96 sont colonisés par le moustique tigre qui aime les lieux habités par l’homme

     Une fois installé dans une commune ou un département, il est pratiquement impossible de s’en débarrasser. On observe 2 types de départements colonisés :

    • Les départements faiblement colonisés si moins de 40% des communes du département sont colonisées
    • Les départements fortement colonisés si au moins 40% des communes du département sont colonisées

    Le chikungunya est surtout présent dans les pays tropicaux mais des foyers de 12 et 17 cas ont aussi été identifiés en France métropolitaine en 2014 et 2017 et 2 épidémies d’une centaine de cas ont eu lieu en Italie en 2007.

    En 2024, une vingtaine de cas importés de chikungunya ont été rapportés en France métropolitaine. (La Réunion est actuellement en situation épidémique avec plus de 2000 cas autochtones de chikungunya depuis le 23 août 2024)

    Dans le Grand Est, selon le ministère en 2025, 6 départements sur 10 sont colonisés : 51,52, 54, 57, 67, 68.

    Le développement des Aedes se fait en zone urbaine. Les femelles pondent leurs œufs dans des endroits où d’eau stagnante est présente pour le développement larvaire : vases, soucoupes, pneus usagés, gouttières mal vidées, déchets divers, creux d’arbres, plante…

    Les piqûres d’Aedes interviennent essentiellement pendant la journée, avec un pic d’agressivité au lever du jour et au crépuscule.

  • La prévention individuelle et collective
    • Ralentir leur reproduction en détruisant les gites larvaires (protection collective) : eaux stagnantes dans des dessous de pots, déchets, gouttière…

    Prévention individuelle

  • Se protéger individuellement contre les piqûres de moustique : vêtements longs, répulsifs cutanés, moustiquaires
  • Entretenir sa maison et son jardin
    • Réparer les fuites pour éviter la formation de flaques et la stagnation de l’eau
    • Vérifier le bon écoulement de l’eau de pluie pour qu’elle ne stagne pas sur les terrasses
    • Réparer, curer et déboucher régulièrement gouttières, regards, caniveaux…
    • Couvrir les réserves d’eau, bidons de récupération d'eau avec un voile moustiquaire ou un simple tissu
    • Vider régulièrement et complètement les réservoirs et colonnes des pieds de parasol qui se remplissent avec les pluies ou l'arrosage
    • Ranger à l’abri des averses tous les objets pouvant contenir de l’eau stagnante (pneus, bâches plastique, pots, sceaux, poubelle de jardin, bacs, arrosoirs, brouettes, jeux d'enfants)
    • Vérifier que le bac à résidus et le tuyau d'évacuation de la climatisation sont exempts d'eau.
  • Jardiner en toute sécurité
    • Évitez l’utilisation des pots de fleurs avec réserve. À défaut, empêchez les moustiques d’accéder à la réserve d’eau à l’aide de tissu ou de moustiquaire
    • Supprimez ou videz régulièrement les petits récipients (vases, soucoupes des pots de fleurs) ou remplissez-les de sable humide
    • Arrosez avec modération et gardez la terre humide sans eau apparente
    • Entretenez le jardin ou les végétaux des terrasses en débroussaillant, taillant les herbes hautes et les haies, élaguant les arbres et ramassant les fruits tombés et les débris végétaux.

    Les points 2 et 3 rejoignent les mesures de lutte collective contre les vecteurs.

    Prévention collective

    Lutte antivectorielle (contre les vecteurs d’agents pathogènes comme les moustiques) : lutte chimique, lutte biologique, lutte génétique, action sur l’environnement, éducation sanitaire, mobilisation sociale.

    Les objectifs sont de

    • Diminuer les risques d’endémisation (installation durable d’une maladie dans une région) ou d’épidémisation
    • Diminuer la transmission d’agents pathogènes par des vecteurs
    • Gérer les épidémies de maladies à vecteur

    La lutte chimique :  

    • Larvicide : action dirigée spécifiquement contre les larves de moustiques 
    • Adulticide : action dirigée spécifiquement contre les moustiques adultes 

    La lutte communautaire : 

    • Destruction des gîtes larvaires potentiels autour des habitations (eau stagnante dans les soucoupes, gouttières, vases, seaux, détritus...)  
    • Protection individuelle contre les piqûres de moustique  
  • La vaccination
    • Le vaccin IXCHIQ® a obtenu une AMM européenne le 28 juin 2024 pour l’immunisation active pour la prévention de la maladie causée par le chikungunya chez les personnes âgées de 18 ans et plus et les personnes de 12 ans et plus (1er avril 2025).

    Les recommandations officielles (25/04/2025) : vaccination des personnes de 18 à 64 ans présentant des comorbidités. Les personnes de plus de 65 ans y compris les voyageurs ne doivent pas se faire vacciner. (En situation épidémique comme à la Réunion actuellement, le vaccin est pris en charge par l’ARS)

    • Vaccination est proposée dans les centres de vaccinations internationales, prescription et délivrance s’effectuent sur place, elle peut également être prescrite et réalisée par un médecin de ville.
    • Il est administré par voie musculaire en une seule dose. La nécessité d’une revaccination n’a pas été établie.
    • C’est un vaccin étant un vaccin vivant atténué (contre-indiqué chez les personnes immunodéprimées).
    • La vaccination des femmes enceintes doit être évaluée au cas par cas.
    • Même vacciné, en zone de circulation du moustiques tigre, il est toujours conseillé de se protéger contre les piqûres de moustiques, avec des répulsifs, des vêtements couvrants et des moustiquaires.
  • Reconnaître un moustique tigre Aedes albopictus :
  • C’est un moustique : il a donc 2 ailes, une paire d’antennes longues et une trompe dans le prolongement de la tête
  • Il a des rayures noires et blanches (pas jaune), sur le corps et les pattes
  • Il est très petit, environ 5mm, (plus petit qu’une pièce de 1 centime d’euros),
  • Il est source de nuisance et pique le jour. Sa piqûre est douloureuse.
    • Sur le site du portail de signalement, retrouvez toutes les informations pour reconnaitre un moustique tigre.
    • En cas d’observation d’un moustique tigre, il faut le signaler sur la plateforme dédiée : signalement-moustique.fr(le questionnaire permet de vérifier s'il s'agit bien d'un moustique tigre).
    • L’ARS GE propose une foire aux questions : Moustique tigre et opérations de démoustication organisées par l'ARS Grand Est
    • Actuellement la Réunion est en phase épidémique de Chikungunya : retrouvez les recommandations pour les voyageurs (au départ et au retour) sur le site du Ministère.

    Pour en savoir plus

    • Retrouvez ci-dessous divers documents et infographies d’information téléchargeables (Santé publique France, ARS, Ministère…).
    • L’ARS Grand Est et le CPias Grand Est ont organisé le 15 mai 2025 un webinaire sur les arboviroses avec le programme suivant :
    • Surveillance entomologique du moustique tigre et intervention autour des cas humains de maladies vectorielles en région GE, Mr Benjamin VIN Ingénieur Responsable Pôle milieux Extérieurs et Santé - ARS Grand-Est
    • Situation épidémiologique et surveillance des arboviroses (chikungunya, dengue et infection à virus Zika), Mme Delphine MOREL Infirmière Veille sanitaire et vigilances - ARS Grand-Est
    • Investigations et actions autour d’un cas d’arbovirose, Dr Ulviyya ALIZADA Médecin Veille sanitaire et vigilances - ARS Grand-Est
    • Prévention des maladies vectorielles : le rôle des établissements de santé ou médico-social, Mme Rachel CHLEBUS Infirmière Hygiéniste - CPias Grand- Est
    • Précautions pour la PEC des patients atteints d’arbovirose transmissible par le moustique tigre, Dr Céline HERNANDEZ Praticien Hospitalier - EOH de Strasbourg

    Le replay est disponible ici 

    Pour en savoir plus :

    SPF 28/05/2025 - Chikungunya https://www.santepubliquefrance.fr/maladies-et-traumatismes/maladies-a-transmission-vectorielle/chikungunya
    Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles 16/05/2025 - Chikungunya https://sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-vectorielles-et-zoonoses/article/chikungunya
    Ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles 16/05/2025 - Cartes de présence du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine https://sante.gouv.fr/sante-et-environnement/risques-microbiologiques-physiques-et-chimiques/especes-nuisibles-et-parasites/article/cartes-de-presence-du-moustique-tigre-aedes-albopictus-en-france-metropolitaine
    ARS GE 05/03/2025 - Moustique tigre et maladies vectorielles https://www.grand-est.ars.sante.fr/moustique-tigre-et-maladies-vectorielles#:~:text=Il%20est%20tr%C3%A8s%20important%20de,semaine)%20ou%20supprimez%2Dles.
    OMS 14/04/2025 – Chikungunya https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/chikungunya
    Vaccination-info-service https://professionnels.vaccination-info-service.fr/Maladies-et-leurs-vaccins/Chikungunya
    Ameli 28/03/2025 - Prévention commune à toutes les maladies transmises par les moustiques https://www.ameli.fr/meurthe-et-moselle/assure/sante/themes/piqure-moustique-maladies/prevention-commune

    Documents téléchargeables sur le site :

    • PDF ANSES - Infographie moustique
    • PDF ARS - Carte-Info-Moustique-tigre-ARS Grand Est
    • Ministère- Extension_moustique_departements_2004_a_2022
    • Ministère – Dépliant moustique
    • SPF - Etat des connaissances 2018_dengue_et_chik_en_france_metropolitaine
    • SPF - Épidémie-dengue-chikungunya-Zika-France métropolitaine